"Avec l’évocation
d'étés d'adolescence sur la côte varoise, Sébastien Berlendis poursuit son itinéraire
par les routes de l'intérieur. Après Une
dernière fois la nuit et L'autre pays,
Maures,
le troisième livre de Sébastien Berlendis, s'éloigne de l'Italie des origines
familiales pour emprunter les routes du pays des Maures, le bord de mer varois
où le narrateur a passé tous les étés de son adolescence. Retour à La Londe-les-Maures,
ses pinèdes, ses trois plages et ses salins, le camping du Pansard où les
grands-parents ont pour la première fois planté leurs tentes en juillet 1959
avant d'y poser une caravane. L'écrivain, professeur de philosophie à Lyon et
photographe, réanime « l'image d'une vie d'été avec ses stéréotypes à laquelle
[il] demeure fidèle » et les
fantômes de ces vacances au soleil : le cousin Thomas, partenaire de tennis,
« le groupe des Hollandais », les
grands oncles et, surtout Léna, Louise, Suzanne, Marie et Isabelle, ses
amoureuses. C'est une chorégraphie de corps jeunes, ardents et intimidés, sens
en liberté, peau abrasée par des serviettes de bain rêches C'est une époque où
l'on peut faire des feux sur la plage, s'exposer au soleil sans penser à s'en
protéger, rouler en Vespa avec un casque pour deux. Maures tisse ainsi rêverie
et « menteries », comme dit le grand-père
alors qu'il entre dans l'hiver de sa vie. Même si le décor a été depuis défiguré
par des tempêtes, ou simplement « délavé
pas le sel et les ans », même si les lieux n'existent plus ailleurs que
dans une mémoire elliptique qui a gardé «
le grain des peaux » mais effacé « le
goût des bouches », le récit avance dans cette oscillation entre jeunesse
et vieillesse, entre « l'attendrissement
devant ce qui a été » et « la joie
neuve et présente de voir la mer », demeurée intacte année après année.
Pris dans « une mélancolie de fin de saison », Maures, en prolongeant ces étés,
les rend éternels". Véronique Rossignol